La gonflette

  • person Louis-Axel Guyot
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J’ai commencé la musculation en octobre 2006.

À cette époque, je ne pesais même pas 70 kilos pour 1 mètre 86.

Et le truc, c’est que je n’étais même pas sec parce que j’avais tendance à prendre facilement du gras et je n’avais jamais vu mes abdos.

Donc, évidemment, la musculation m’a permis de métamorphoser mon physique, mais surtout, ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur le fonctionnement de mon corps et de mon esprit.

Mes débuts en musculation

Quand j’ai commencé le sport avec mon frère, on avait vraiment à cœur de ne pas tomber dans le cliché de la musculation.

Ce cliché, si vous aussi vous faites sérieusement de la musculation, vous y avez été confronté.

Clairement, le grand public se moque des culturistes et c’est sûrement pour cette raison que lorsqu’on a commencé à s’entrainer avec mon frère, on tenait à le faire dans les règles de l’art.

Bon, ça ne nous a pas empêchés de faire une tonne d’erreurs qui nous ont coûté des mois et des années de pratiques, mais on y est allés avec toute la bonne volonté du monde.

Sur le terrain, cette volonté de ne pas faire n’importe quoi s’est traduite par une attention particulière à la technique et à la maitrise du mouvement.

À notre petit niveau, on a essayé de faire tout notre possible pour ne pas pousser « bêtement ».

Même si on valorisait et on valorise toujours le travail dur, on était très attachés à faire les choses bien, quitte à ne pas soulever aussi lourd que le voisin.

Et je peux vous dire que c’était difficile, je n’avais même pas 19 ans quand j’ai commencé la musculation et mon frère a 4 ans de plus que moi.

À cet âge-là, on cherche forcément à se comparer aux autres pratiquants.

Mais si on tombe là-dedans, on tombe sûrement dans une bataille d’égo qui n’est pas très intéressante pour la progression et la longévité.

Donc, non, la charge de travail ne m’intéresse pas !

Pourquoi la charge de travail ne m’intéresse pas ?

Peut-être que vous trouverez bizarre de m’entendre dire quelque chose comme ça en tant que pratiquant de musculation, après tout c’est un sport qui a l’air de tourner autour de cette notion.

Vulgairement, aux yeux du grand public, les pratiquants de musculation soulèvent du poids pour faire grossir du muscle, la fameuse gonflette.

Et ce qui m’a toujours interpellé personnellement, c’est à quel point les pratiquants de ce sport sont parfois obsédés par la charge de travail.

Tellement obsédés qu’ils placent ça au centre de leur pratique de la musculation.

Sauf qu’à moins d’être powerlifter, ce qui est peut-être votre cas, la charge de travail est juste un outil comme un autre pour progresser.

Un outil au même titre que le nombre de répétitions, le nombre de séries, les temps de récupération, etc.

Alors, je sais que certains d’entre vous ne sont pas comme moi et ont des objectifs de performance en plus d’avoir des objectifs physiques et c’est très bien.

Mais est-ce que cette volonté de chercher la performance et l’esthétique en même temps ne vous empêche pas de progresser aussi rapidement que vous le voudriez sur ces deux objectifs ?

Parce qu’après tout, même si moi par exemple, je ne recherche pas la performance, j’ai quand même des performances qui sont loin d’être mauvaises.

Évidemment, je ne suis pas le plus fort sinon ça se saurait, mais je peux quand même soulever des poids, il ne faut pas s’imaginer que je m’entraine avec des haltères de 2 kilos.

Ceux qui me suivent depuis longtemps, m’ont déjà vu faire des séries de 10 à 140 kilos au front squat, des séries de 12 avec des haltères de 50 kilos au développé semi-incliné, des séries de 8 à 200 kilos au soulevé de terre.

Alors bien sûr, toutes ces performances sont à mettre en relation avec mon poids de corps, et comme je suis aux alentours de 100 kilos quand je les réalise, tout de suite, c’est un peu moins impressionnant. Mais le chiffre absolu n’est quand même pas dégueulasse.

L’importance des variables

Mais si la charge de travail ne m’intéresse pas, qu’est-ce qui m’intéresse alors dans mon programme de musculation ?

Eh bien, c’est simple, je fixe toujours les autres variables avant de parler de la charge de travail.

Je m’occupe du nombre de répétitions, du nombre de séries, des tempos d’exécution, des temps de récupération et de l’intensité de l’effort avant de réfléchir à la charge de travail que je vais utiliser.

Donc, c’est vraiment la « dernière chose qui intervient » dans mon programme de musculation. Et je vous encourage à faire la même chose lorsque vous construisez vote propre programme.

Je sais que beaucoup d’entre vous ont besoin d’être autonomes dans ce sport et veulent savoir comment organiser parfaitement un programme personnalisé sans avoir à faire une formation d’éducateur sportif à 6 000 euros qui, parfois, ne vous apprend même pas tout ce qu’il y a à savoir sur la question.

Eh bien, même si en soi, ce n’est pas forcément à la portée de tout le monde de faire un bon programme, avec les bonnes infos, dites-vous bien que vous n’avez pas besoin d’être coach pour le faire, en tout cas, pas quand c’est un programme qui vous concerne.

Donc, dans mon programme si je me suis fixé 3 séries de 8 répétitions avec 2 minutes 30 de récupération et un tempo 3-0-X-0 sur du hack squat, je me fiche de savoir si je vais utiliser 120, 140 ou 160 kilos.

Tout ce qui m’importe est de compléter le nombre de répétitions fixé, en arrivant à peu près à l’échec dans cette fourchette de répétition là.

Puis au fur et à mesure des séances et de semaines, je vais effectivement noter mes charges de travail pour les faire évoluer.

Parce qu’au final, on se fiche de savoir si vous faites des séries de 10 aux squats avec 45 ou 145 kilos.

Tout ce qui importe, c’est votre capacité à améliorer cette performance pour prendre du muscle sur le long terme.

Mon programme n’est pas donc construit autour de la charge de travail, mais bien autour du nombre de répétitions, de l’intensité de l’effort et bien sûr, de la technique d’exécution.

Donc non, le chiffre absolu ne m’intéresse pas plus que ça.

C’est pour cette raison que quand des pratiquants et des pratiquantes me parlent de leurs performances en me demandant parfois ce que j’en pense, eh bien, je réponds que je n’en pense rien du tout parce que je ne connais pas les autres variables. Il est impossible de dire si c’est bien ou pas.

Le mot de la fin

Maintenant, si votre objectif est un mix entre performance et esthétique, est-ce qu’il faut raisonner de cette façon aussi ?

Eh bien, ça dépend de vos objectifs de performances.

Si vous avez juste envie d’avoir des performances correctes comme les miennes en plus d’avoir un physique esthétique, ça ne sert pas à grand-chose de vous entrainer comme un powerlifter.

Autant conserver une « approche bodybuilding », parce qu’en plus de construire un physique à votre goût, vous pourrez tout de même vous vantez de maitriser des haltères de 50 ou 55 kilos au développé couché, ça fait toujours du bien.

Par contre, si vous avez envie de battre de records de force en plus de construire un physique qui vous plait, alors là oui, il faudra s’y prendre un peu différemment en construisant votre programme de musculation d’une façon bien spécifique.

C’est-à-dire avec des cycles d’entrainement plus axés vers la force et des cycles plus axés vers l’hypertrophie.

C’est aussi votre technique d’exécution qui va totalement changer puisqu’on n’exécute pas un squat ou un développé couché de la même façon lorsqu’on veut construire des cuisses ou battre des records.

Ce qu’il est important de faire si vous avez des objectifs ambitieux en musculation ou ailleurs aussi, c’est de déterminer précisément quels sont ces objectifs puis de chercher le ou les moyens les plus efficaces pour atteindre cet objectif.

Et ça passe forcément par une bonne connaissance des variables relatives à l’entrainement.

C’est super important de terminer ce que vous devez faire et quand vous devez le faire.

La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez déterminer tout ça vous-même en toute autonomie.

Mais si vous allez à la salle sans grande conviction et que si vous suivez un programme que vous avez fait à l’arrache par vous ou par quelqu’un d’autre et qu’en plus vous êtes tellement obsédé par la charge de travail, que vous ne prêtez même pas attention à l’importance des autres variables, eh bien, vous foncez tout droit vers ce qu’on appelle la stagnation.

Et la stagnation, c’est moche !

C’est moche parce que vous perdez un temps précieux et vous y laisserez toute votre motivation.

Ce n’est pas un hasard si tant de personnes abandonnent la musculation ou abandonnent tout simplement leur objectif physique.

Ce n’est pas parce que c’est compliqué en soi, c’est juste parce qu’il navigue à l’aveugle.

J’espère que ces petites mises au point vous permettront d’envisager différemment votre programme et votre pratique.

Si c’est le cas, faites-le-moi savoir dans les commentaires et on se retrouve très vite pour le prochain article.